Un nouveau traitement pour l'ostéoporose 2012

En effet, avec 200 millions de femmes touchées à travers le monde, l'ostéoporose, ou perte osseuse, est devenue un véritable problème de santé publique. En France, près de 40 % des femmes en situation de postménopause souffrent de cette pathologie. Cela représente chaque année 50 000 nouvelles fractures des vertèbres, 35 000 du poignet et 50 000 de la hanche. Jusqu'à présent, les traitements hormonaux étaient les plus efficaces, mais de récentes études ont montré qu'ils pouvaient entraîner des cancers du sein. Un nouveau médicament, développé par les laboratoires Servier avec le concours de l'équipe de Pierre Marie, offre une alternative efficace aux patientes qui ne désirent pas prendre ce risque. Baptisé Protelos, il vient de recevoir une autorisation de mise sur le marché dans 27 pays européens. Son mode d'action innovant ne repose pas sur une hormone mais sur un élément proche du calcium constitutif des os : le strontium. C'est Pierre Marie et son équipe qui ont réalisé les premières études sur ses effets bénéfiques sur l'os. Les laboratoires Servier ont ensuite mis au point une nouvelle molécule, dans laquelle le strontium est associé à un acide organique, le ranélate, afin d'accroître sa disponibilité et son efficacité dans la conservation de la masse osseuse. En effet, l'os se renouvelle en permanence pour conserver ses propriétés mécaniques. Des cellules (ostéoclastes) résorbent l'os ancien avant qu'un autre type de cellules (ostéoblastes) vienne déposer une nouvelle matrice osseuse. Le déficit en œstrogènes qui apparaît lors de la ménopause provoque un déséquilibre en faveur de la résorption et vient aggraver la perte osseuse naturelle qui survient avec l'âge. Pierre Marie, qui a été chargé des études pharmacologiques sur ce médicament, détaille son fonctionnement : « Nous avons montré in vivo sur plusieurs modèles, dont le rat privé d'œstrogène, que le ranélate de strontium inhibe la résorption de l'os sans porter atteinte à la formation, contrairement aux traitements déjà disponibles. Chez des animaux sains, il favorise même cette formation. D'autre part, il améliore les propriétés mécaniques de l'os et agit donc aussi bien sur sa quantité que sur sa qualité. Des études supplémentaires sont en cours dans notre laboratoire afin d'élucider les mécanismes cellulaires mis en jeu ».

Ce nouveau traitement, déjà disponible dans certains pays d'Europe, devrait arriver cette année sur le marché français, puis rapidement sur le marché asiatique. Son succès prévisible est un bon exemple de l'efficacité des partenariats entre recherche fondamentale publique et recherche et développement privés.

Géraud Chabriat

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